Avec mon collègue Sébastien Dorthe, nous avons déposé un postulat sur la nécessité d’assurer la formation dans le domaine de la transition énergétique, qui va nécessiter de nombreux professionnels à brève échéance. Afin de former ces spécialistes, la reconversion professionnelle est une clé. Dans sa réponse (voir plus bas), le Conseil d’Etat va dans ce sens.
Texte du postulat :
Article paru dans La Liberté, 8 février 2022 – Magalie Goumaz
Emploi » Le Conseil d’Etat fribourgeois partage l’avis de députés pour qui la transition énergétique nécessite du personnel qualifié. La transition énergétique nécessite de pouvoir compter sur des personnes formées dans les nombreux domaines concernés. Le Conseil d’Etat partage l’avis des libéraux-radicaux Sébastien Dorthe (Matran) et Savio Michellod (Granges) et est prêt à livrer le rapport que les deux députés demandent. «Le besoin en personnel qualifié se fait déjà ressentir, à tous les niveaux de formation», écrif-il. A titre d’exemple, uniquement dans le domaine de la rénovation des bâtiments, le marché fribourgeois engage financièrement ces dernières années près de 800 millions de francs par an pour réaliser un taux de rénovation d’environ 1% par an du parc immobilier existant.
«Considérant que l’objectif est d’atteindre au moins 2% par an de rénovation à l’horizon 2030, cela signifie clairement que notre économie n’est pas encore prête à répondre à cet objectif», admet-il. 40000 chauffages Le nombre de systèmes à remplacer dans les 15 ans à venir A cela s’ajoute encore la nécessité de remplacer près de 40 000 systèmes de chauffage à énergies fossiles ou électriques durant les 15 prochaines années, de multiplier par 5 et par an la pose de panneaux solaires photovoltaïques sur les infrastructures existantes, de renforcer des lignes électriques nécessaires à la décentralisation de la production et à l’alimentation des véhicules électriques, d’innover dans les nouvelles technologies énergétiques, etc. Si le Grand Conseil accepte le postulat, le Conseil d’Etat souhaite constituer un groupe de travail afin d’impliquer tous les acteurs. »
Réponse du Conseil d’Etat à un instrument parlementaire
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Postulat Dorthe Sébastien / Michellod Savio 2021-GC-94
La reconversion professionnelle comme clé de la transition énergétique
I. Résumé du postulat
Par postulat déposé et développé le 30 juin 2021, les députés Sébastien Dorthe et Savio Michellod relèvent que la mise en œuvre de la transition énergétique nécessitera de pouvoir compter sur des personnes formées dans les nombreux domaines concernés. Toutefois, le manque de personnel qualifié se fait déjà sentir.
Afin de subvenir à ce besoin croissant de personnel, les postulants demandent au Conseil d’Etat :
- d’identifier le potentiel de créations d’emplois nécessaires à assurer les objectifs du plan climat cantonal ;
- de mettre en place un programme de formation dans les métiers de la transition énergétique, destiné tant aux jeunes qu’aux personnes souhaitant entamer une transition dans leur carrière ; > d’assurer un financement de ces formations partagé entre l’employé, l’entreprise et l’Etat.
II. Réponse du Conseil d’Etat
Le Conseil d’Etat relève qu’en Suisse la formation professionnelle initiale de niveau secondaire 2 (par exemple le CFC) et tertiaire (Bachelor/Master) a été construite, il y a bien des décennies, sur une logique de formation de base suivie dans son intégralité. Ces dernières années ont toutefois mis en évidence un besoin de formation permanent, tout au long de la vie professionnelle, dans une logique de réorientation ciblée selon les besoins. L’idée ancestrale « une vie, un métier » a été complètement bouleversée.
En matière d’énergie, ce besoin de formation est particulièrement flagrant, notamment en raison de l’évolution technologique et, de manière encore plus marquée, de la concrétisation des objectifs très ambitieux de politique énergétique fixés par la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération, laquelle a été adoptée par la population suisse en votation de mai 2017. A ce jour, de nombreuses activités professionnelles sont déjà sensiblement impactées par cet état de fait, et le besoin en personnel qualifié se fait déjà ressentir, à tous les niveaux de formation.
A titre d’exemple, uniquement dans le domaine de la rénovation des bâtiments, le marché fribourgeois engage financièrement ces dernières années près de 800 millions de francs par an pour réaliser un taux de rénovation d’environ 1 % par an du parc immobilier existant. Considérant que l’objectif est d’atteindre au moins 2 % par an de rénovation à l’horizon 2030, cela signifie clairement que notre économie n’est pas encore prête à répondre à cet objectif.
A cela s’ajoutent encore la nécessiter de remplacer près de 40 000 systèmes de chauffages à énergies fossiles ou électriques durant les 15 prochaines années, de multiplier par 5 et par an la pose de panneaux solaires photovoltaïques sur les infrastructures existantes, de renforcer des lignes électriques nécessaires à la décentralisation de la production et à l’alimentation des véhicules électriques, d’innover dans les nouvelles technologies énergétiques, etc. Autant de secteurs qui verront une très forte croissance ces prochaines années et pour lesquels il faudra une main d’œuvre qualifiée en suffisance.
Conscient depuis de nombreuses années de cette problématique, le Conseil d’Etat a mis en place en 2012 un programme de formation continue dans le domaine de l’énergie, donnant également suite à une intervention parlementaire. Ce programme, nommé Energie-FR et mené par la Haute école d’ingénierie et d’architecture de Fribourg, est toujours en vigueur et connaît un succès certain, avec plus de 3000 jours/formation par an avant la crise sanitaire engendrée par la COVID.19. En matière de reconversion professionnelle, l’expérience acquise avec Energie-FR démontre que de nombreuses personnes n’hésitent pas à se former, notamment lorsque leur reconversion l’exige. Mais cela reste largement insuffisant pour répondre à la demande du marché qui augmente très rapidement. Dans les faits, c’est l’ensemble de la formation dans le domaine de l’énergie qui doit être adaptée et renforcée, la reconversion professionnelle ne représentant qu’une part des efforts à entreprendre.
Finalement, une telle analyse ne saurait être réalisée sans l’implication de tous les acteurs concernés, en particulier le Service de la formation professionnelle (SFP/DEE), les HES, le Smart Living Lab (SSL) mais également les associations professionnelles, lesquelles jouent un rôle important dans la formation professionnelle. C’est pourquoi, si le postulat devait être accepté, il portera sur le volet couvert par le SFP/DEE et un groupe de travail sera mis en place, composé de tous les acteurs concernés par cette thématique qui touche un spectre relativement large d’activités. Les associations professionnelles sont prêtes à participer à une codirection du projet. Cependant, la désignation d’un responsable de projet sera indispensable afin de coordonner les travaux de tous les partenaires.
Par conséquent, vue l’importance et l’actualité des questions abordées dans le postulat, le Conseil d’Etat est prêt à effectuer l’analyse demandée. Il propose dès lors d’accepter le postulat.
25 janvier 2022
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