Pour trouver des points positifs à l’horaire 2025, il faut bien chercher. Les CFF et les cantons romands n’ont pas manqué de nous les rappeler : rallonger les temps de parcours donne de l’air au système (1), ce qui permettra d’améliorer la ponctualité (2) avec une contrainte : pour assurer les correspondances, de nouvelles liaisons sont créées, d’autres renforcées (3).
Cela n’est pas franchement positif. Au pied du mur, après des années d’errance en matière d’investissements dans les infrastructures ferroviaires, les cantons romands et les CFF n’avaient pas d’autre choix.
Quelles sont les conséquences pour Palézieux ? L’essentiel est sauf, les IR15 continueront de s’arrêter, et une liaison Vevey-Palézieux (via Puidoux) est enfin introduite. Mais le diable se cache dans les détails. Aujourd’hui, les IR15 partent à l’heure pleine. En 2025, l’IR15 pour Genève Aéroport partira quelques minutes plus tard, celui pour Lucerne quelques minutes plus tôt (environ 3 minutes). Si les CFF auront un horaire plus souple, ce ne sera pas le cas des compagnies devant assurer la desserte locale qui devront, elles, tendre leurs rotations pour assurer les correspondances. Un incident entraînant quelques minutes de retard sur la ligne Bulle-Palézieux et ce n’est pas à Lausanne que le client manquera sa correspondance, mais à Palézieux. Est-ce vraiment positif ?
Le canton de Fribourg défend cette proposition d’horaire en insistant sur les deux liaisons supplémentaires entre Palézieux et Fribourg. Elles permettront à la Veveyse d’être enfin reliée à Fribourg deux fois par heure. C’est vrai mais… ces liaisons seront de type RER, avec arrêts fréquents et rames domino. Elles ne permettront pas non plus une cadence à 30 minutes avec l’IR15, puisqu’elles partiront 15 minutes avant, ou 15 minutes après l’IR15. Partir 15 minutes plus tôt pour arriver presque en même temps que l’IR15 à Fribourg est sans intérêt. Partir 15 minutes plus tard et passer plus de temps dans un train plus lent et moins confortable n’est guère mieux. En outre, il est probable que les principales lignes assurant la desserte locale se calent sur l’IR15, il faudra donc probablement se rendre à Palézieux en voiture pour bénéficier de cette nouveauté.
Et ce n’est pas tout. Les minutes perdues par l’IR15 impliqueront de permuter la ligne de la Broye de 15 minutes. Ainsi, les trains pour Lausanne/Payerne partiront aux 15 et 45 (et non plus aux 00/30 comme aujourd’hui). Plus aucun train ne devrait s’arrêter à Palézieux aux 30. Et c’est là que ça devient intéressant. Des millions ont été investis pour permettre à la voie métrique Palézieux-Bulle d’assurer une cadence à 30 minutes qui arrivera, une fois sur deux, sans correspondance immédiate à Palézieux. Pour assurer deux correspondances par heure entre Châtel-St-Denis et Fribourg ou Lausanne, il faudra ajouter… des bus, en parallèle au train.
Je suis bien conscient qu’il faudra s’y faire et que tout cela est provisoire. Mais il s’agit de provisoire parti pour durer des années. Il aurait été adéquat que les responsables de cette situation nous disent qu’ils ont préféré tirer sur l’élastique jusqu’à ce qu’il cède. Il serait appréciable qu’ils admettent qu’une telle stratégie était vouée à l’échec. Il serait adéquat qu’ils cessent de prétendre qu’un échec en termes de vision sur l’avenir du rail en Suisse occidentale est une bonne chose, parce que grâce à cela, Palézieux aura deux nouveaux trains (peu intéressants) par heure pour Fribourg (chaque région a droit à sa « compensation »).
Ne nous laissons pas berner par ces pseudos améliorations et espérons que les investissements nécessaires seront réalisés. La Confédération devra enfin établir un véritable concept d’horaire pour 2050, tenant compte de la motion « croix fédérale » de la mobilité. A l’époque, Rail 2000 était un projet ambitieux, qui n’a jamais été relancé. Tâchons de faire aussi bien que nos prédécesseurs pour les décennies à venir.
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