Presse – la restructuration inquiète

Article paru dans La Liberté, 10 septembre 2021 – Magalie Goumaz

Le Grand Conseil accepte le principe de soutenir les médias fribourgeois

Le Grand Conseil veut soutenir les médias régionaux. Jeudi, il a accepté ce principe à l’unanimité sauf une abstention. Il charge dès lors le Conseil d’Etat de dresser un état des lieux et, sur cette base, de proposer un soutien concret. A l’origine de la proposition, les députés Grégoire Kubski (ps, Bulle) et Benoît Rey (cg-pcs, Fribourg) évoquent la possibilité de créer une fondation cantonale à laquelle l’Etat, les communes et les entreprises pourraient contribuer. «Fribourg pourrait être, pour une fois, un peu visionnaire dans ce domaine», lance Grégoire Kubski.

Les intervenants ont tous reconnu l’importance d’une presse régionale indépendante des grands groupes. Au nom du Parti libéral-radical, Savio Michellod (Granges) constate que les médias «subissent une évolution, voire une révolution structurelle, qui affecte négativement leurs revenus». Il est ainsi conscient qu’«assurer la pérennité de la diversité des médias nécessitera des mesures». Hubert Dafflon (le centre, Grolley) rappelle que les médias sont considérés comme la quatrième force démocratique. «Parfois, je me demande si ce n’est pas la première force! Nous avons tout intérêt à ce que la presse soit bonne», déclare-t-il. Jean-Daniel Chardonnens (udc, Fétigny) l’admet également: «Comme de nombreuses entreprises, les médias ont souffert de la crise sanitaire, et cet état des lieux est nécessaire.»

Indépendance des titres

Cependant, la restructuration du Groupe Saint-Paul, éditeur de La LibertéLa GruyèreLa Broye Hebdo et Le Messager, annoncée la semaine dernière, soulève des inquiétudes, notamment le regroupement des titres au sein d’une société d’édition unique. Même si les titres sont maintenus, avec chacun sa propre rédaction en chef, ce rapprochement soulève de nombreuses questions dans les rangs du Grand Conseil. Les coauteurs du postulat sont revenus notamment sur les changements récemment communiqués. «N’y aura-t-il plus qu’un seul journaliste dans cette salle?» s’interroge Grégoire Kubski.

Pour Benoît Rey, une restructuration fait sens si elle vise à économiser sur les frais administratifs. «Mais je crois que ce regroupement présente aussi un danger intrinsèque: celui de la pensée unique», dit-il. Raison pour laquelle il estime que le soutien qui pourrait être accordé «devra permettre aux titres de rester indépendants». Le socialiste gruérien Pierre Mauron rappelle que Groupe E et la Banque cantonale de Fribourg sont actionnaires du Groupe Saint-Paul. «L’Etat de Fribourg a-t-il utilisé ce canal pour faire valoir son avis?» s’interroge le député qui craint pour la survie de La Gruyère, de La Broye Hebdo et du Messager.

«Sans tabou»

Le conseiller d’Etat Olivier Curty assure que le gouvernement cantonal n’intervient pas dans les décisions des entreprises. «Ni directement ni indirectement», répond-il. Et de revenir aux propos du postulat: évaluer les possibilités de garantir la préservation d’une offre médiatique locale variée et de qualité, garante du fonctionnement démocratique. Pour le directeur de l’économie, les médias sont un «pilier essentiel de notre vie démocratique, leur appauvrissement conduirait à un appauvrissement de notre culture politique», estime-t-il.

Le postulat accepté, le Conseil d’Etat va maintenant se pencher concrètement sur la question. Cependant, il ne le fera pas avant l’issue du scrutin sur un paquet de mesures en faveur de la presse, adopté par le Parlement fédéral mais qui fait l’objet d’un référendum. Les Suisses devront ainsi se prononcer. Et Olivier Curty indique vouloir également prendre en considération les études réalisées dans d’autres cantons, dont Berne et Vaud.

Les députés ont pour leur part déjà évoqué quelques pistes d’action. Le postulat parle de la création d’une fondation. Mais Savio Michellod rappelle que le subventionnement étatique n’étant pas dans l’ADN du PLR, il verrait mieux des incitations fiscales permettant de déduire les abonnements des revenus imposables. Hubert Dafflon lance pour sa part l’idée d’une application unique à tous les médias fribourgeois, y compris audiovisuels. Olivier Curty assure que le projet de soutien sera étudié «sans tabou, sans privilégier certaines pistes».

Visionnez mon intervention sur ce sujet :

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