Monsieur le Préfet François Genoud, Madame la Députée Gabrielle Bourguet, Mesdames et Messieurs, chers Citoyennes et Citoyens de Granges et d’ailleurs,
Je vous remercie en préambule d’être venus si nombreuses et nombreux à cette journée de la Fête nationale. Malgré le temps qui s’annonçait des plus maussades, vous êtes ici présents et ça nous fait plaisir de vous voir. Je tiens à remercier également les sociétés du village qui se sont engagées pour organiser cette manifestation : la Jeunesse de Granges, le Chœur d’hommes, la Société de développement, les Aînés mais aussi la Fanfare, qui a fait un marathon puisqu’elle était présente les communes de notre paroisse pour jouer ses morceaux et l’Hymne national bien sûr tout à l’heure. Je remercie aussi notre restaurateur qui collaborent avec nous et bien sûr vous toutes et tous pour votre présence.
Mesdames Messieurs, saviez-vous que nous nous trouvions sur une planète évoluant dans le cosmos à une vitesse de 2 millions de kilomètres par heure ? Deux millions de kilomètres par heure, ce n’est pas une erreur, et c’est la vitesse à laquelle se déplace la Voie lactée, notre galaxie et nous avec dans l’immensité de l’univers. Cela nous laisse songeur mais finalement comme tous ce qui existe, nous ne sommes qu’une infime partie d’un système complexe, nous ne sommes que des atomes et du vide, de la poussière d’étoile. De la poussière d’étoile dotée ce capacités exceptionnelles : nous pouvons penser, réfléchir, imaginer… Et c’est grâce à cela que nous avons pu construire une civilisation technologiquement évoluée. C’est aussi grâce à cela que nous nous sommes penchés sur notre passé, sur notre histoire, et que nous nous retrouvons aujourd’hui à Granges pour fêter le 730e anniversaire notre pays la Suisse, tout en filant dans l’espace à 2 millions de kilomètres par heure.
Car c’est bien la Suisse qui doit être l’objet de mon propos. Et la Suisse, c’est nous c’est nous, et nos ancêtres, et nos descendants. Nous les Suisses, nous avons su nous distinguer dans bien des domaines : banques, assurances, chimie, tennis et même football aux JO, et je salue nos champions et surtout nos championnes pour leurs réussites. Mais ce que j’aimerais plutôt retenir ce sont d’autres réussites, qui font de la Suisse un pays, qui malgré sa petite taille, a su influencer le monde. Je pense notamment à Henri Dunant et aux conventions de Genève. Henri Durnant, c’est un banquier genevois qui à l’occasion d’un voyage d’affaires en 1859 assiste aux horreurs de la guerre sur le champ de bataille de Solférin. Choqué par ce qu’il a vu et souhaitant que cela cesse, il créera quatre ans plus tard le CICR, le Comité international de la croix rouge. Et la première Convention de Genève fut signée en 1864. La Convention de Genève, qui a évidemment bien évolué depuis, a toujours pour objectif de rendre la guerre plus humaine, autant que faire se peut.
Je pense aussi à la démocratie directe, qui permet à chaque citoyen d’influencer la marche de son pays, de son canton, ou de sa commune. Ce système politique est envié dans de nombreux pays, car peu de citoyens du monde peuvent, par leur vote, influencer de manière concrète la politique d’une nation. Je tiens d’ailleurs à saluer votre engagement exemplaire car les Grangeoise et les Grangeois s’impliquent particulièrement lors des élections et des votations. Avec des taux de participation dépassant les 70% lors des récents scrutins, nous sommes très largement au dessus des moyennes nationales. Nos assemblées communales, autre témoin de la démocratie directe, sont aussi particulièrement fréquentées et animées. Cela est réjouissant, et je vous invite continuer à montrer l’exemple.
Il y a un autre sujet qui me tient particulièrement à cœur et sur lequel je souhaiterais que les suisses soient aussi exemplaire. Il s’agit de la protection du climat et de l’environnement. Même si l’air est pur en Suisse, même si la nature semble préservée, il ne faut pas se bercer d’illusions. Si l’air est pur, c’est parce que nous avons exporté notre outil de production et avec notre pollution et nos émissions de CO2. Nos appareils électroniques, nos véhicules, nos vêtements, et bien des choses que nous possédons sont produites ailleurs, en Chine ou en Inde par exemple. Le Suisse ou l’Européens contribue donc plus que la moyenne aux changements climatiques, même si la pollution ne se voit pas. Beaucoup répondront que notre planète a connu des cycles plus ou moins chaud. C’est vrai mais en principe, un changement de température moyenne globale de 5 degrés s’étale sur des millénaires. Là, ça se passera probablement en deux siècles. C’est un peu comme quand vous devrez entrer dans une piscine d’eau froide après avoir pris le soleil. Si vous prenez le temps de vous acclimater, ça se passera bien. Si vous entrez d’un coup, ce ne sera pas particulièrement agréable. C’est cette deuxième option que vit notre environnement aujourd’hui. Quant à la nature, bien qu’un apparence elle conserve ses magnifiques atours, elle est affectée par une baisse drastique de la biodiversité. Un tiers des espèces animales suisses sont menacées d’extinction. La conséquence ? Eh bien la diversité c’est un peu comme un jeu de mikado. Vous pouvez retirer un certain nombre de pièces sans que cela n’affecte l’ensemble, mais si vous retirez la mauvaise pièce l’édifice s’effondre et cela, nous avons à tout prix l’éviter.
Sommes-nous responsables de cela ? Bien évidemment, tous les scientifiques s’accordent là-dessus. Pouvons-nous y faire quelque chose ? Oui ! Et c’est pour ça que bien que le tableau ne soit guère réjouissant, il y a du positif : nous pouvons agir, même si cela nécessitera quelques adaptations, touchant quelque chose d’extrêmement important pour nous en Suisse : la liberté. La liberté de ne pas changer nos habitudes, de prendre l’avion chaque année par exemple, peut-être problématique car il existe d’autres libertés, comme c’est de ne pas subir des phénomènes climatiques extrêmes et je crois que cette année nous avons tous vu ce qui s’est passé pas très loin de chez nous, en Allemagne, ou on a des centaines de morts. Incendies, canicules, inondations, deviennent de plus en plus des choses récurrentes. Nous savons que sur la durée, certaines libertés sont incompatibles, elles s’opposent. En sachant cela, nous devons nous interroger sur nos priorités et sur la pertinence de certaines libertés. Car il existe déjà des libertés que nous condamnons tous les par exemple interdit de rouler à 100 km/h dans un village. Celui qui use de sa liberté pour le faire sera probablement condamné. Il n’est évidemment pas question de condamner celui qui utilise sa voiture car il n’a pas d’autre choix et à Granges, il est difficile de s’en passer. Mais qu’en est il du genevois qui vit à Genève, qui travaille à Genève, qui achète à Ggenève et qui fait tous ses trajets 4×4 ? Il n’est pas non plus question de stigmatiser celui qui prend l’avion régulièrement mais admettez quand même qu’il est surprenant qu’un vol Genève-Barcelone coûte moins cher qu’un trajet Genève-Palézieux en train.
Mon souhait : c’est que chacun d’entre nous réfléchisse aux conséquences de ses actions quotidiennes. Il existe souvent des alternatives qui permettent de profiter de la vie sans que cela ne nuise à la planète. Consommer local et de saison par exemple, les excellents produits de nos agriculteurs et artisans qui peuvent, et ça a n’en point douter, clairement satisfaire nos papilles. Et j’espère que le jambon qui vous sera servi tout à l’heure permettra de confirmer cette affirmation. Si l’acte individuel ne suffira bien sûr évidemment, pas il est néanmoins essentiel, même si nous prétendues élites sont souvent bien incapables de montrer l’exemple. On parle ces temps de tourisme spatial et de milliardaires qui dépensent 250’000 dollars pour aller passer quinze minutes dans l’espace, ce qui est en l’espèce de totalement inacceptable. Et ne l’oublions pas, au pays de la démocratie directe, nous avons la possibilité d’influencer la politique de notre commune, de notre région, de notre nation.
Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens, alors que nous venons de parcourir pendant ce discours quelques deux cent mille kilomètres dans l’univers, je dois vous dire que j’ai confiance en nous, comme j’ai confiance en la Suisse, en les Suisses et qu’il existe d’autres Henri Dunant, capable d’agir pour le bien de l’humanité. C’est pour ça qu’en ce jour de Fête nationale, je souhaitais vous inviter à la réflexion. Une réflexion positive sur un thème crucial afin que notre pays, notre planète, reste un endroit où il fait bon vivre, tant pour l’homme que pour les autres espèces animales et végétales. Et aussi pour celui qui vous fera ce discours en 2060 puisse le conclure sans que le ciel ne lui tombe sur la tête et en scandant, fier de ses ancêtres qui ont agi : vive Granges, vive la Veveyse et vive la Suisse ! Merci !
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