Article paru dans Le Messager, 11 juin 2021 – Jonas Ruffieux
L’Exécutif grangeois a récemment engagé un nouveau garde-génisses, pour son alpage communal. Le Conseil gère de A à Z l’exploitation, une particularité dans la région.

L’annonce passée par la commune de Granges dans notre journal, l’automne dernier, n’avait rien d’anodin: elle mettait au concours un poste de garde-génisses, avec pour tâches l’entretien des 25 hectares de terrain situés autour de l’alpage communal et l’estivage du bétail. «Nous devons être une exception», sourit le syndic grangeois Savio Michellod.
L’alpage appartient à la commune depuis le XIXe siècle, au moins. «Le chalet a été construit en 1890. Depuis, un garde-génisses a été nommé chaque année.» A l’époque déjà, une soixantaine de génisses passaient l’été sur l’alpage, situé sur la colline, au bout de la route qui s’échappe derrière le restaurant.
Sa particularité justement, se retrouve dans sa gestion. La commune s’occupe de tout, y compris d’engager le personnel.
Depuis le 15 avril, Sébastien Pilloud a pris possession des locaux et prend soin, notamment, des 82 têtes de bétail. «Je m’occupe de rentrer et de sortir les animaux. Je m’attelle également à l’entretien du terrain et des clôtures.» Jamais le Châtelois d’origine n’avait été employé par une commune dans sa carrière. Si ce n’est lors de son apprentissage de forestier-bûcheron, effectué pour le compte de sa ville natale. Les décennies suivantes l’ont davantage amené à travailler pour des particuliers. «J’ai été berger durant vingt-cinq ans dans la vallée de l’Hongrin, à la tête de grands troupeaux.»
Après quelques ennuis juridiques, Sébastien Pilloud a perdu son emploi, avant de rebondir à Attalens, où il a retrouvé une activité hivernale. «Je n’ai donc pas hésité à proposer ma candidature pour le poste estival de garde-génisses, à Granges.» Le contrat de six mois court jusqu’à la mi-octobre. «L’aventure se poursuivra si mes employeurs se montrent satisfaits de mon travail» sourit celui qui a choisi d’habiter à l’année à l’alpage. «Je suis au paradis, ici!»
En plus de la vue, le nouveau garde-génisses apprécie sa proximité avec le village. «En cas de problème, le bureau communal n’est pas loin. Je m’entends par ailleurs très bien avec le responsable du dicastère de l’agriculture, Stéphane Dorthe. Et pour les courses, c’est vraiment pratique. Plus besoin de prévoir une demi-journée, comme je devais le faire, perdu dans la vallée de l’Hongrin.»
Continuer ainsi?
Pour la commune, après de nombreux changements de personnel à l’alpage ces dernières années, la question s’est posée, de savoir s’il ne fallait pas confier ce mandat à une coopérative. «Tant que nous trouverons des personnes motivées et qui travaillent bien, nous allons continuer ainsi, expose Savio Michellod. Notre patrimoine terrien constitue une richesse.»
Une richesse qui ne se traduit pas dans les caisses, cependant. La commune ne gagne rien, financièrement, à assurer d’elle-même la gestion de l’alpage. «Le bilan est neutre. Les quelques revenus et les paiements directs de la Confédération compensent les différentes charges d’entretien.» Récemment, la commune a procédé à des travaux de rénovation, afin de permettre à son personnel de vivre à l’année dans le chalet.
Après bientôt deux mois passés sur les hauteurs de Granges, Sébastien Pilloud a pris ses marques. Seul, alors que le poste était indiqué pour un couple, il se débrouille pour gérer au mieux l’exploitation. «J’ai installé des caméras dans l’étable. Ainsi, je peux m’assurer en direct, sur mon téléphone, que tout se passe bien.» Ou quand la technologie vient en aide à l’un des plus vieux métiers du monde.
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